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Jungle
Jungle
Il y a longtemps sur une rive fin fond équateur. Les lianes agrippaient les cœurs, les branchages entravaient les chemins. On avançait sous les feuillages épais, cherchant le rai de lumière.
Fallut-il fuir ?
Les flèches nous atteignirent.
Pleine cible.
À jamais attachés.
Il y a longtemps ou est-ce hier ? Dans les forêts geôlières le temps s'étire, se perd sous le soleil immuable, entre les ronces et les grands palmiers.
Nous sommes-nous égarés ? Avons-nous craint la mangrove ?
Qu'elle ne nous avale ? Tout crus, corps et âme ?
Il y a longtemps ou est-ce hier. L'immensité obscure aspire les mémoires.
Les trams, les trains nous appellent.
Nous transportent d'une rive à l'autre, de roulements en battements, de soupirs en souvenirs.
Espérance.
Amnésie.
Faut-il suivre les voies ferrées ? S'enfuir, loin des labyrinthes en vert.
Vertige.
Moiteur.
Traces de soufre sur la peau échouées.
Nous voici désarmés.
Affamés.
Habitués aux mouvements des rails, rompus aux itinéraires à l'arrache, jungles voraces, cités désincarnées.
À jamais attachés.
©
Zaborowski
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