Dans mon cerveau tout blanc baignent des lignes noires Qui tissent de longs fils des filets dérivants L’ombre des fils de Cham moins qu’à moitié vivants Dix têtes assoiffées abreuvées de ciboires
J’ai planté mes virgules dans la terre Afrique Si la mer ne charrie que de sombres épaves Les chairs d’hier enfouies que les vagues dépravent La terre ne fournit que des sacs en plastique Ces bouts de bruits fondant au soleil élastique
La mer devant mes pieds le ciel dans les étoiles Je sens sur mes orteils le vent d’un souffle lent L’écho un brin cynique et le vague relent Flot pernicieux cyclique enfoui dessous les voiles
Qui jadis fit fleurir les maîtres de nos îles Bouts d’Europe pétries à l’eau du simulacre Ecaillées par les mains fidèles qu’on massacre Des bouts de corps ployés dans leurs fièvres serviles Il flotte sous mes yeux des soleils versatiles
Blancheur de nos desseins Noirceur de vos destins
Les dunes assoupies ont rougi alentour Qui fleurent bon l’oubli le sable et les embruns Quand le monde s’éprend des doux fruits du nerprun Les dunes sont partout ici là et autour
Je sens sur mon front sourd frémir les néréides Quand dans mes maigres bras coule une étrange sève Brune le sang fort lourd des tendres enfants d’Eve Mes mains posent leurs vers sur un ensemble vide Sur le torse mouvant d’un sable aux mille rides
J’entends les vieux tiroirs qui claquent dans la houle Radeaux agonisants en quête d’une lune Accueillante en dépit de l’onde qui falune Qui berce dans ses bras les fruits qu’elle refoule
On pense s’envoler quand on se croit des ailes On croit quitter sitôt le puits de la débâcle Mais à trop écouter les bienveillants oracles On monte sur des troncs que le blanc ensorcelle On lessive sa vie comme on fait la vaisselle
Les dunes sont des yeux fermés sous les étoiles
(Appartient au recueil L'Ombre Chue des Faux Soleils, non édité, Premier prix au concours de poésie du Niger 2007)