Petit Paul arpentait de bon matin Les prés humides du bocage Toujours à l’affût de quelques butins Qui l’entraînaient jusqu’aux abords du marécage. Ces jours-ci il se lamentait Sur sa santé Ni grive ni lapin pas même une reinette A croquer sous la dent. Il devenait urgent De grailler une frichtouille sous la lavette. Quand soudain près de l’étang retentit Un cri à glacer un fantastique Torquemada. Petit Paul un peu flagada D’un jeûne notoire partit Vers la clameur épouvantable.
C’était une fée minuscule et incroyable Emprisonnée dans un collet Laissé là par notre impénitent affamé. Du peuple des dryades la pauvre étranglée Perdait l’éclat de son teint abîmé Par les monstrueuses tenailles. Ecartant les broussailles Petit Paul vit cette Eurydice toute nue Et tel Orphée en tomba amoureux. Délivrée la belle aima son beau ténébreux Jusqu’au moment ou l’autre un peu trop dans les nues La confondit avec un champignon Et la croqua comme un brugnon.
Cette fable démontre encore une fois Que la passion est toujours dévorante Et de nos jours comme autrefois La vie est bien dure pour les nymphes craquantes.