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Automnale
Automnale Lorsque le vent du soir fait gémir les vieux arbres Qui se penchent tremblants sur les sentiers déserts Et quand le jet d’eau pleure en la vasque de marbre, La nuit s’en vient vers moi pour me chanter des airs. Elle a peur de rester dans le jardin d’automne Ou de marcher dessus les feuilles du tilleul, Et pour passer le temps pénible et monotone Elle tâche de voir si je suis vraiment seul. J’entends ses petits pas près des portes dallées Et vois cligner ses yeux dans le fond du jardin ; Son écharpe d’argent glisse par les allées : Elle voudrait venir près de moi, c’est certain. Alors, n’en pouvant plus, j’entr’ouvre la fenêtre : Elle avance à pas lents en dessous du balcon, Et je sens son soupir frileux qui me pénètre Et sa main caressante à l’entour de mon front. Car elle sait combien sa présence m’enchante : Si je n’étais pas seul je ne la verrais pas, Et n’entendrais jamais sa complainte touchante Habile, au fond du cœur, à l’infiltrer tout bas. Et nous restons ainsi, très longtemps, solitaires, À nous dire à mi-voix notre songe secret ; Mais qui pourrait jamais savoir le rythme austère Du monde, que la Nuit ne livre qu’à regret.
©
Kobs
http://www.servicedulivre.be/fiches/k/kobs.htm
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