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Neige oiseau
Rien n’indique que la neige ne soit pas un début. Tout pourrait commencer par la neige, cet œuf brisé, s’il se trouvait quelque poussin pour y germer. Il n’est pas difficile de reconstituer la coquille : il suffit, par la pression des paumes, de donner forme de boule aux flocons ; de contenir entre ses doigts, de réchauffer la sphère, de refuser de croire qu’elle fonde. Alors on sent dans la main l’ébauche du bec, de la plumette et du corps tiède. Fermer les yeux, creuser le regard intérieur : c’est à ces conditions que l’on perçoit l’oiseau. Le lancer en direction du ciel – rien ne retombe, pas plus que ne retourne à la terre le pain jeté vers les étoiles : nulle illusion, l’envol prend source dans les paupières, le sang dans les veinules implique une aile, les battements de cœur s’échappent du cœur pour battre dans la neige. En hiver, le merle est le fruit de l’enfance et du blanc. Matières mêlées : enfance et neige, oiseau, ont une même origine.
©
Martin
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