Ce sera un matin comme un autre
Tu t’éveilleras croyant
Entendre les bruits familiers
De ta maison
Entre les persiennes un jour
Encore pâle glissera
Jusqu’à tes pieds nus
Tu auras sorti des draps froissés
Ta vieille carcasse
Les gestes habituels tu ne
Sais pas dire autrement
Et pourtant
Ce ne sera pas un matin semblable aux autres matins
Une spire brisée peut-être dans la montre posée
Sur la table de chevet
Tu sentiras d’un seul coup le poids
De ta douleur dissimulée
Depuis tout ce temps faire face
Pensais-tu
Mais à quoi à qui
Rien qui ne puisse
Te servir d’alibi
Ce sera ce matin-là
Demain ou plus tard
Un pli insignifiant dans le tapis
De la salle de bains
Une buée déformée dans le miroir
Et ton visage soudain n’a plus
Forme ce sera comme
Un oubli de toi l’effacement
Au-delà de la mémoire
Et ce matin si semblable à d’autres matins
Et si différent
Tu essuieras cette brume
D’un geste si pareil à tous
Les autres gestes des autres matins
Tu repartiras
Encore
Espérant que ce n’était qu’une
Illusion un reste de rêve comme
Il arrive qu’on ait parfois
A l’aube d’un matin si pâle
Entre les persiennes fermées.