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Tandis que je m'abîme
De l’avion j’attends.
L’eau s’approche à grands souvenirs, à la vitesse grande et lente de la mémoire. L’eau s’approche depuis l’aile, depuis le petit avion d’où je vois comme l’œil et le nombril et la bouche de l’ogre, cet avion dans lequel pourtant je ne suis pas.
Mes yeux le puits suffoque et stupeur, j’accélère sans cesse vers l’eau vers l’aimant ; à mes côtés j’ai presque un moi petit frère qui se dessine davantage et crépite à mesure de la chute.
Tandis que je m’abîme, mon corps diminue, mon corps vers l’angle aigu. Le silence de la bête ailée va vers le silence plus grand encore, vers la comète malveillante, rien moins. Tandis que je m’abîme, je distingue de plus en plus les cernes déferlant de la souche mère ; son œil m’avait pour elle, c’était écrit, c’est si simple. Son encre ne me laissera pas un cri.
Tournant la tête, je me vois d’enfance. Et dans le lait d'une écuelle il est écrit « la nuit ce roncier ».
©
Henry
http://lorageaupoing.blogspot.fr/
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