Saga Boréale - Ainsi vint l'hiver

Sombres témoins d'un autre âge
Les vents Boréens hurlent une saga empirique
Tels une sylve éxubérante de filandres anthracites
Ils déchirent l'obscurité épaisse
Seul, cadavre famélique
Le chêne, transi d'hiver, résiste
Une lame de lune caresse son tronc
Révélant les runes, cruelles reliques
Gravées dans sa chair par un guerrier nordique
Ses branches, mânes claudiquants, plient
Tels les villageois voisins récement soumis
Ultime rescapé du massacre perpétré
En attendant le Ragnarök il reste figé
Le pilori moisissant, frère d'autrefois
Vestige d'une sauvagerie passée
Côtoie honteusement les cendres de joie
Là un crâne, ici un bouclier brisé
Les restes de la guerre et des vies destituées
Ainsi vint l'hiver, trève de la sauvagerie des hommes

© Manu de Pouget