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L'ultime espoir
À l'aurore d'une traversée sans port ni halte,
Je me retourne, avide de douceur...
Tant d'étapes qui auraient pu être des cibles
Au lieu de se perdre dans une quête floue et sans nom.
Je préfèrerais encore être largué à mille lieues de la côte,
Plutôt que de louvoyer sans but comme un voyou sans hutte.
À l'aurore d'un trajet sans compassion,
Je me retourne, avide de comparaisons...
Tant de pires que m'ont dits les regards des gens malhonnêtes,
Tant de mieux que je n'ai jamais entendus.
Je préférerais encore en rester là, mais qu'on le prononce,
Plutôt que ce silence dont même les yeux se taisent.
À l'aurore d'un tracassant voyage sans lumière,
Je me retourne, avide de feu...
Qu'un foyer me noie dans des flots de flammes folles,
Qu'un soleil me brûle même d'une chaleur éblouissante;
Je préfèrerais encore en arriver là, mais qu'il l'ose,
Plutôt que de m'épargner pour une douleur sans goût.
À l'aurore d'une trahison sans fin ni raison,
Je me retourne, avide de sincérité...
Qu'on se révolte ou qu'on me juge pour mes propos,
Qu'on évoque mes faiblesses pour faire rire les plus piteux.
Je préfèrerais encore en être ramené à ce rôle de bouffon,
Plutôt que d'aplatir mon profil au cogner des murs fortifiés d'ignorance.
À l'aurore d'un travail sans récompense,
Je me retourne, une dernière fois, mais je ne vois rien...
Ni même les dents saillantes de rires foireux dégustant ma médiocrité ;
C'est encore et toujours l'obscure solitude fade et froide ;
Aucune balance pour faire de moi ne serait-ce qu'un lourd poids ;
Il est de ce côté autant de vide, un désert interminable, que je n'en ai devant moi.
Après cette traversée, ce trajet, ce tracassant voyage, cette trahison, ce travail insensé,
Je me tourne vers ce seul espoir qu'il me reste,
Celui d'un impact décisif quand j'atteindrai le sol.
©
Tegorion
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