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À mes frères d’ignorance
À mes frères d’ignorance,
petits ou grands,
connus, inconnus,
obscurs ou nimbés
des fausses lumières
de quelque renommée,
inquiets,
brûlants ou circonspects,
tous mus
par une force nue
venue anonyme
d’une nuit intérieure
et cruelle,
à mes frères d’ignorance,
passeurs, orpailleurs
ou souffleurs de silence,
ancrés au port
ou nostalgiques d’un ailleurs
mais conscients que tout toujours
est à recommencer
sur cette terre
où plus on cherche
plus s’avance le mystère,
à mes frères d’ignorance,
qui, vivants, le pressent
et l’implorent,
ou morts, l’ont emporté
sous la terre,
à mes frères d’ignorance,
la beauté, le verbe et la cendre :
voyez, je tremble de tous mes mots,
l’amour est en feu
dans mon poème qui commence…
©
Rolland
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