Dites-moi s’il vous plait où s’est évaporée
la chaleur des foules d’antan aux folles humeurs ?
Celle des acharnés combats tumultueurs
qui toujours finissaient en de sombres charniers ?
Celle de ces peuples manifestant en masse
et celle des concerts où jeunesse se tasse ?
Où donc s’est dissipée la chaleur si humaine
de feu ces corps pressés frottés et compressés ?
Et où a disparu l’énergie de ces foules
qui n’a rien à envier à l’énergique houle ?
Où est donc la chaleur du doux corps de nos mères
quand nous sentions, petits, palpiter leur grand cœur ?
L’atmosphère, l’atmosphère l’a aspirée !
Sans bruit s’en saisissant de ses puissantes serres,
en l’air l’a transmutant en vif effet de serre.
Réceptacle des mots que nous lançons en l’air
et des agitations vaines ou compassées,
Voilà là l’éternelle urne de l’éphémère,
Le gazeux trait d’union d’avec notre passé.