Comme tous les ans
cette même flèche
ces regards qui dévient
et on attend oui
on attend la fin de
l’attente ce vieux
cliché éculé du rien
on attend des rires
et des voix et des mains
qui applaudissent on
entend même l’enfant
qui s’émerveille de
rester encore un peu
cet enfant qu’on espère
on voit des cils de neige
qui perlent d’un ailleurs flou
et des petites pluies fuyantes
qui s’évaporent au fur et
à mesure qu’on avance
vers où vers nulle part
allez peu importe va
on sait que c’est du petit
bois de vacuité que les
anges crèvent que le divin
est en pleine décomposition
que l’espoir est une stupidité
et que les rires juvéniles
deviennent des larmes vaines
mais on se laisse griser par
l’optimisme la candeur la
joie simple la vraie joie seule
que rien ni personne ne
peut acheter vendre la joie
nue de l’humain du beau
du brillant même si même si
comme tous les ans on
ne peut ignorer ce qu’on
ignore et ceux qui nous
ignorent et les lames qu’on
coupe au fond des fins
quand pas un mot pas un
son pas de vie pas de sens
et puis on se prend à rêver
à la manière d’un souffle
au temps qui pourrait au
temps qui devrait à ces
promesses qu’on s’était faites
mais que bon voilà quoi
on les tient en murmures de nuit
et puis il faut tirer le rideau
on reste de si piètres acteurs
mon masque allez prends-le
je n’ai plus l’envie du faux
qui me coupe en blé sec
j’ai du sans plein les yeux
et alors et alors rien certes
comme tous les ans je
me perds en conjectures
hasardeuses et ridicules je
n’ai pas le don du juste du
vrai je ne suis pas poète
rien qu’un passeur de mots
aux encres de silences
et je suis ce nombril sans
ventre qui gargouille son
silence dans l’attente de
bruits qui chantent avec
un peu juste un peu juste
ce qu’il faut de simplicité
d’évidence de paix.