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Au moment où ça craque
C’est toujours au moment où ça craque que l’on pressent de quel bois se nourrit la foudre !
Après que la mort assoiffée l’eût léché,
après qu’elle l’eût roidi de son souffle définitif et brûlant,
elle laissa l’arbre exsangue sans bras,
aussi noir que son ombre, puis s’en alla.
Il ne put implorer l’azur insolent revenu qui pesait sur toute chose.
Aucun oiseau perché, ni en vol
et dans le ciel,
pas même le blanc d’un nuage.
La terre fumait encore et l’homme se terrait au plus profond,
tant les yeux sans eau le brûlaient,
tant l’air était âcre,
qu’il faisait la salive rare.
Seuls les cœurs pleuraient à petits bruits,
sans que les mots passent les lèvres
qu’ils avaient aussi sèches.
Mais chez les animaux
comme chez les hommes,
dans les têtes germaient déjà le vert.
©
Moysan
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