Depuis la fenêtre du bureau il voit
les toits du village qui se réveillent
où flotte en creux l’idée de pluie
d’un dimanche sans éclat ni but
il plonge alors entre les nuages
franchit l’océan et le monde las
redécouvre cet ilot perdu bien avant
(mais fut-il déjà gagné même en rêve)
il se rappelle de cette silhouette hyaline
dont seuls quelques détails revivent
l’intense du regard la timidité de la vue
les doigts qui tortillent les cheveux
mais la trace de la voix le contour du
visage la silhouette de son corps la
trace de son éclat d’être a disparu
à jamais d’une mémoire volatile
malgré les ans malgré l’amitié entre
guillemets malgré la distance malgré
quelques ressentiments amers malgré
l’absence les mensonges malgré
l’âpreté du réel malgré la vérité violente
malgré le jour d’une nuit entière malgré
tout malgré lui malgré sa raison il sent
encore et pour toujours cette évidence
cette évidence comme une drogue dure
qui le pousse à idéaliser encore et encore
la possibilité d’un pays vierge d’eux
lové dans l’âme du silence doré de l’idéal
tous ces rêves à satiété
cette itération de l’absence
lui qui n’a rien dans les bras
à part l’âcre de mots vains
une vie qui s’étiole en le rien
aucune trace réelle ou palpable
un avenir conjugué au conditionnel
et des sentiments basés sur le vent
son existence est celle d’une ombre
dont la lumière n’existe pas
alors quand il pense à tout ce vide
il ne lui reste que l’espoir du fou
pouvoir la revoir elle
qui fut la seule promesse
d’un soleil sur une planète
où il aurait pu être homme.