CRITIQUES
Dans les draps du songe
Béatrice Libert offre ici des poèmes permettant au jeune lecteur d’être plus en phase principalement avec les saisons, les moments de la journée, les phénomènes climatiques et la flore. La force poétique de ses textes est puisé dans une excellente connaissance de la poésie en direction des enfants, nous avons déjà loué sur Critiques libres la qualité des approches pédagogiques qu’elle proposait de mettre en place autour de l’œuvre incomparable de Maurice Carême ou d’autres poètes plus contemporains ( ces derniers ouvrages chez l’éditeur Couleur livres).
Voici par ailleurs comment elle approche, dans "Dans les bras du monde", un univers maintenant fort peu connu des enfants, celui du paradis :
Un jour
Un jour, on s’assoira à la table de lumière,
Il y aura des anges, des enfants
Et la joie, savamment arlequine,
Et nous boirons des songes grenadine
Dans de hauts verres émeraude.
Cette culture chrétienne, qui marque encore bien notre calendrier et notre art, trouve dans quelques autres textes matière à explicitation par l’adulte prescripteur de cet ouvrage.
Voici un texte qui gagnerait à être lu peu avant le lundi de Pâques :
Avril
L’avril a mis l’été à sa fenêtre,
On voit le vert et l’oranger
Pousser dans les sentiers.
Nous appareillons.
Splendide est la saison
Qui nous laisse croire, un peu,
À la résurrection
Les illustrations de Nancy Pierret sont magnifiques, elles portent un sens plus complémentaire que redondant par rapport au texte. Clins d’œil à des dominantes colorées de certaines époques de peintres connus côtoient allusions à des styles d’illustrations de livres pour enfants des pays de l’est de l’Europe.
JulesRomans - Critiques libres - http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/40043
Ne cherchez pas la lune / En ce soir de décembre, / Elle se tricote un pull / Dans un coin de la chambre / Comme dans les autres recueils, les poèmes parlent des arbres, des animaux et de l’être-au-monde mais aussi, la règle, les pastels ou le cahier d’écolier... La forme en est plus classique par la longueur des textes, par les strophes ; il se dégage de l’ensemble une énergie positive, une drôle de dynamique soutenue par la plupart des illustrations de Nancy Pierret qui traversent en diagonale les doubles pages. Avec des / mots étroits / on pourrait / je crois / inventer / des vers / où loger / l'univers /...
Claudine Charamnac Stupar, NVL n° 199
Un livre pour enfants – assez grands, si l’on se fie au vocabulaire -, qui est aussi un livre de poète. Ainsi, il comporte de nombreuses métaphores, façon d’habituer l’enfant au langage poétique: L’arbre versa/Sa voix dans nos vers/Tisane de lumière
Ou encore: Comment tapisser le ciel/De feuilles toujours vertes/Comment tailler les craies/Aux songes des écorces
Textes d’un poète, donc, qui demandent une lecture à la fois attentive et particulière de l’enseignant ou des parents. Ils sont aussi marqués par le sens de la tendresse, de l’amour, de la famille :Le platane a remonté ses bretelles…/Deux tourtereaux nichent en ses bras
Aux mille maisons au bout des branches/Pour caresser les œufs.
Présence de l’humour aussi, dans l’énumération (Fleurs mathématiques), par des mots-tiroirs ou des mots-valises. les jeux de mots (Le jardin dort/Le jardin d’or)
De bien belles façons d’intéresser l’enfant à la richesse du vocabulaire, et d’établir des relations de famille entre les éléments naturels, de façon à y intégrer l’enfant. Les illustrations de Nacy Pierret sont remarquablement adaptées au texte, évoquant souvent, par leurs courbes,, un geste englobant et protecteur un monde harmonieux où l’enfant peut se situer.
Joseph Bodson / AREAW
Savez-vous que les cailloux ouvrent des secrets, que le vent part en voyage de noces au bras d’une averse de pluie, que la bruine veut se marier avec le sable, que la lune se tricote un pull dans un coin de ma chambre ? Et que dans le jardin les brins d’herbe se font toboggans et « l’arbre verse sa voix dans nos vers. / Tisane de lumière » ? Il sait « comment tordre le cou / à toute idée reçue » et même « comment grandir / Sans rien perdre des nuits, / Sans rien perdre des jours ».
Au fil des pages de Dans les bras du monde (Editions Soc & Foc, 48 p.), Béatrice Libert propose de redécouvrir le monde par tous les sens. L’émerveillement est partout : dans les arbres et les fleurs, les saisons qui se donnent la main en une ronde sans fin. Et si « les fleurs meurent quelquefois / Et tous les arbres ont froid », le printemps ne tarde pas qui « jette un foulard vert / Sur la robe des collines » et avril « qui nous laisse croire, un peu, à la Résurrection ».
Ce monde-là a des bras de tendresse, des élans de paresse ; il ravit, il console, il est plein de comptines pour affronter l’hiver, de crayons qui rêvent « d’effacer les chagrins sur les vitres », de vers « où loger l’univers ». Il invite au silence : il y a tant à écouter quand la musique habite l’espace en un « joli bond de sauterelle » !
Des poèmes pour traverser le jour et la nuit, pour habiter sa vie sachant que « la tristesse est vaincue et la joie, retrouvée ». Ce livre est aussi un bel hommage au temps « des cols amidonnés / des chaussures dans la cheminée », « des pleurs arithmétiques / Et des poèmes appris par cœur ».
Les illustrations de Nancy Pierret accompagnent ce voyage de leurs couleurs évocatrices et ouvrent des horizons. Ici et là, des clins d’œil à de grands noms de la peinture moderne.
Geneviève de Simone-Cornet – Écho magazine, Genève
Ce recueil de poèmes est un véritable petit bijou de tendresse. L’auteure s’amuse avec les mots valises, les jeux de mots et ses métaphores ne sont pas dénués d’humour. Un livre qui sensibilisera l’enfant au langage poétique et à la richesse du vocabulaire, où le temps et les éléments sont des thèmes récurrents. Les illustrations de Nancy Pierret se marient à merveille aux poèmes de Béatrice Libert et ce recueil conviendra aux enfants à partir de 8 ans.
N.M.- Revue belge de la littérature de jeunesse, section belge francophone de l’IBBY, n° 115
De très beaux textes, poétiques et chargés de diverses émotions : la tristesse, la légèreté, la paresse, le chagrin :
N’essuyez pas vos larmes
Au mouchoir des étoiles
Seul, le coquelicot
Sèche les chagrins.
Béatrice Libert détourne les mots :
J’hallucine champignon tortue.
Je tulipe organdi […]
J’asperge amour
De mes senteurs volubiles.
La nature et les saisons s’éclairent sous la plume de Béatrice Libert. Les fleurs deviennent mathématiques, les comptines des cailloux…
Le don des langues nous est dévoilé :
Pour parler aux orties
Qui savent plusieurs langues,
Parlent le latin des bois
Et des pipistrelles.
C’est le plus facile à apprendre.
Il ne demande que peu d’efforts,
Surtout si l’on connaît déjà
Le fourmillais, le cigalon et l’hirondellois.
Un très beau recueil avec des illustrations tendres et douces pour le plaisir des yeux, pour le plaisir de lire et aussi pour faire écrire les petits en s’inspirant des thèmes évoqués.
Brigitte Aubonnet - Encres vagabondes
Une trentaine de comptines composent ce livre qui charmera les enfants. Les adultes l'aimeront en retrouvant leur faculté d'émerveillement. Les illustrations régaleront petits et grands. Modernes, poétiques, elles éclatent de couleurs. Les titres sont autant d'invitations à se glisser entre les mots comme sous un édredon bien doux. Ils ont pour titres : Comptine des cailloux - L'ortie froissée - Colis postal... C'est une invitation à lire et à rêver.
Régine Albert – Lire en Vendée n° 28
Dans les poèmes et comptines, évocation de l’enfance : l’école, le cahier d’écriture, le temps des rédactions / Et des régimes orthographiques, la marelle... L’auteure écoute roucouler le temps avec des mots de fées et de libellules. Éléphants roses, maison, rivière, princesse ou chat sont sortis tout droit de mon stylo.
La mise en habit de la douce poésie de Béatrice Libert par Nancy Pierret est somptueuse. Chaque double page a son ambiance colorée, ses dessins tricotés (le berceau, la lune et son tricot de laine). Imbrication texte/image forte : par exemple une tête de petite fille à couettes, son corps en poème, puis la jupette dessinée. La représentation des fleurs est très belle, notamment la création plastique originale des coquelicots.
O. B. – Inter CDI n° 252 – novembre-décembre 2014
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