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LES DÉRIVES IMMOBILES

texte de Jean-Pierre SAUTREAU
illustré par Jean-François BOURASSEAU

Traversée des présents, les tableaux de Jean-François Bourasseau sont les haltes colorées qui sécrètent son amour pour « l’intra-ordinaire qui vous faille le regard et la pensée, pas l’extraordinaire. Je résiste et aime les road-movies immobiles qui vous préparent à détecter les signes d’un ailleurs quotidien. » 
Sur ses semelles, sur le nouement de ses lieux, Jean-Pierre Sautreau inscrit sa propre déambulation, ses propres dénouements. Poète, conduit par l’énigme d’un autre corps, emmené par un autre imaginaire, il articule la langue neuve de la rencontre et de la surprise. Sans être dans le tableau il veut être dans son miroir, se prendre à son monde. Il entre par le silence, il sort par le mot.
Ces dérives immobiles sont faites d’inventaires, d’errances, de multiples regards. Elles rassemblent la matière comprimant espace et temps entre deux rives. Elles ouvrent deux boîtes noires.

 

64 pages - Quadrichromie - 19X19cm - Broché
2011
ISBN 978-2-912360-73-1

 
 
 

CRITIQUES

Au début, les tableaux. Ensuite, les mots. Des proses. Avant cela, toute une amitié. En témoignent la publication en fin d’ouvrage des échanges de courriels entre les deux artistes. On accède un peu au secret sous les pages… Ce n’est pas nécessaire mais ici c’est un joli plus.
La résonance entre tableaux et textes offre une profonde vibration. On se sent bien accueilli dans cet univers. On se laisse emporter, porter par l’élan de la rencontre. Ici un plus un font bien plus que trois !
Soc & Foc est friand de ces rencontres entre les Arts et les artistes. Pour notre plus grand bonheur !
Patrick Joquel

C'est par un échange de vœux pour 2010 que l'idée d'un projet commun est né. Touché l'un et l'autre par la maladie qu'ils accompagnent avec humour et amitié, le peintre et le poète ont commencé un dialogue artistique par blog interposé. Les images préexistant aux écrits. Un beau résultat où les textes en prose renvoient aux tableaux comme un miroir.
Alain Boudet

Livre d’art et de poèmes de haute tenue que produit l’amitié de deux vrais vendéens, qui se fréquentent de longue date, tous les deux reconnus dans le paysage des lettres et des arts. La démarche de l’artiste est celle de reconstruction du réel à partir de photographies que le travail du peintre éclaire ou dynamise. Celle du poète met en mots et en rythme, en décrivant et en pénétrant dans une langue séductrice et créatrice qui s’évade en repoussant les limites. L’un construit et colore, l’autre explique et volatilise. La matière est ainsi transcendée jusqu’à l’humain. L’humain qui éclate au grand jour dans une seconde partie du livre, à travers la recension des courriels que se sont échangés les auteurs au cours de l’année 2010, tous les deux aux prises avec la maladie. Regards multiples et croisés.
La vie palpite au travers d’une œuvre superbe, beau cadeau à partager.
A.P. - Lire en Vendée

Jean-Pierre Sautreau et Jean-François Bourasseau signent avec « Les dérives immobiles »un remarquable livre chez Soc & Foc, qui est pour moi un vrai coup de cœur. Le premier est plasticien, le second poète. A l’origine des tableaux du premier, des photos. Un bout de mur fissuré, un coin de bar, une banquette, un pan de wagon, un reflet de soleil sur des dalles, un ventilateur, une sonnette sur un coin de porte… L’image est retravaillée par le peintre, au pinceau, aux ciseaux, au crayon. Marouflée, découpée, augmentée de divers éléments, elle devient ce tableau dont le poète s’empare pour le « lire » à sa façon, le baptiser (et les noms importent ici beaucoup), y trouver des passages, des connotations, le nourrir de références littéraires (des citations et des évocations d’auteurs divers peuplent les poèmes), lui inventer des résonances, magnifier ses polyphonies.
L’exercice en soi n’est pas nouveau, qui associe deux artistes et confronte deux approches artistiques. Mais les palimpsestes et autre « mue polychrome » de Bourasseau créent un univers à la fois hyper-réaliste et abstrait très « parlant ». Quant à l’écriture de Jean-Pierre Sautreau, riche, inventive et malicieuse, elle joue elle aussi, et tout en souplesse, de toutes les polysémies pour offrir ces proses moirées, goûteuses, qui réjouissent l’intelligence comme la mémoire sensible. Écoutons-le : « Très tôt, on a perçu qu’on pouvait botter mille chas traversiers dans le guéret des mots, gagner par tous les petits ruisseaux de la langue bien des vies. Marcotter nos havres et les bouts du monde. » Lucien Suel a raison de saluer dans cette « poésure-peintrie » un ré-enchantement du monde.
Mais il faut encore noter que ce livre comprend une seconde partie constituée des échanges de courriels des deux artistes durant la période où ils créaient ce dialogue mots/images. Et la encore, sens et malice fusent à chaque ligne, alors même que l’un et l’autre évoquent leurs maladies réciproques avec un humour tonifiant. Tout cela crée une succession de métamorphoses et une circulation souterraine (utaupie ?) d’images et de poésie qui emportent l’adhésion. Et ce beau livre ne coûte que 12 euros !
Michel Baglin - Texture

 

Écrivain : Jean-Pierre SAUTREAU

Jean-Pierre Sautreau est né en avril 1949 à Luçon où il vit.
Il est l’auteur de :
Sur le fil du rasoir, Millas Martin, 1978.
Le feu de vivre, Atelier du 4e jour, 1984, illustrations : Dominique Landucci.
Cœur-elle de mots, Les lettres libres, 1985, illustrations : Dominique Landucci.
Vincent ou la haute note jaune, Poésie verte, 1992.
La faveur du paysage, Echo-optique, 1995, illustrations : Camélus.
Grains d’encre, Soc & Foc, 1998, illustrations : Camélus.
Circamélus, Jean-Michel Mothes, 2005, accompagnement graphique de Camélus.
Mikado des signes, SOC & FOC, 2006, accompagnement graphique de Jean-Claude Luez.
Les dérives immobiles, SOC & FOC, 2011, accompagnement des œuvres de Jean-François Bourasseau
Dans le jardin de mon père, SOC & FOC, 2013, accompagné des œuvres de Camélus.
Deux monographies pour Dominique Landucci :
Tickets pour un voyage 1 et 2,1991 et 2001.
Pour Nivelle Camélus, chez Artension 1993.
Textes dans En Vendée voilà, Le Dé bleu, 1990, dans En Echo, Echo-optique 1999, dans différentes revues : Ar...

Illustrateur : Jean-François BOURASSEAU

Jean-François Bourasseau est né en 1956 à Fontenay-le-Comte.
1977, publie Imagerie, édition Le Cercle d’Or.
1981, publie Fête(s) pour du beurre, édition Soc & Foc.
1988, publie Le rosé de Pissotte, édition Hérault.
1991, rédige La mesure du temps et Charles-Louis Largeteau, édition de la Réunion des Musées Nationaux.
1993, rédige Dialogue de pierres. Les monuments et les morts, édition de la Réunion des Musées Nationaux.
1999, invité en résidence d’auteurs aux Rencontres Théâtrales Paris-Pareds. Rédaction de OUT, six moments de solitude. Pièce en 1 acte. Tirage limité hors commerce.
2000, nommé chevalier des Arts et des Lettres.
2002, rédige À Mouilleron-en-Pareds, le musée national des deux victoires Clemenceau-de Lattre. Article publié dans l’ouvrage réalisé dans le cadre de l’exposition Jean de Lattre de Tassigny : Un vend&...

 

propos de l'auteur

Il faut d’abord placer ce travail dans l’envie de deux amis de frotter leur art respectif. Ensuite il y a le hasard objectif de leur affrontement parallèle de la maladie et l’implication qu’elle va avoir dans leur travail.
 
Au départ il y a le peintre mais avant le peintre le photographe puis le poète :
 
En effet avant l’œil du peintre il y a l’œil du photographe. L’œil plus ou moins instantané dans sa sélection poétique. Que ce soit dans la série des « pans » ou des lieux, bien évidemment, même pour des raisons différentes, l’invitation à la métaphore ou à la transmutation est coexistante à ce choix. Ainsi pas de plus beau sésame, passe-muraille qu’ « entrez sans frapper ». Pas de plus belle entrée dans l’imaginaire que la porte poussée d’un café ou d’un théâtre.
 
Le peintre lui transforme le support photographique en matériau pictural. Au fond il s’en débarrasse en le dramatisant. L’apparence prend feu, l’apparition prend chair. Il bouleverse ces impressions arrachées à l’intuition. La toile enflamme la photo. Le peintre déchire, colle, popote autour des coulures, des taches, rajoute ses jus acryliques ou ses noirs de café. L’œil englouti fait place à la vision.
 
Alors c’est du peint béni pour le poète invité à  entrer sans frapper. Il suffit pour le poète de se faire prendre, surprendre par le tableau. De se laisser à son tour bouleverser par les émotions ou sensations qui se dégagent des toiles. Plein de fils s’offrent à lui qui deviennent chemins puis voyages. Ces dérives qui peuvent naître de l’imprégnation du tableau total, son atmosphère comme dans l’instant-lumière ou d’un détail comme dans le ventilateur poitevin. Alors le texte devient célébration ou histoire, parfois entrainées ou rehaussées en contrepoint de la technique du peintre par des collages de phrases d’auteurs célèbres.
 
Puis vous pourrez découvrir une seconde partie :
 
La correspondance échangée pendant toute l’année 2010 d’élaboration de ce compagnonnage artistique. Là il faut isoler le mot  immobiles   du titre qui symbolise cette longue période pendant laquelle les deux amis travaillent et échangent bloqués par leur problème respectif de santé. D’aucuns disaient et disent : il ne faut pas attendre que les poètes soient morts pour les lire…Cette correspondance est là pour bien montrer que, si j’ose dire, le peintre ou le poète sont des hommes comme les autres et que la création n’a rien d’éthéré et circule d’abord dans le sang et s’abreuve aux poumons et aux yeux. Que pendant l’acte créatif la vie continue mais de plus belle forcément.
 
Il restait l’éditeur :  
 
 Ce livre est le troisième de l’auteur édité par Soc et Foc. Avoir un éditeur fidèle et respectueux du travail réalisé n’a pas de prix. Mais l’équipe de Soc et Foc pousse toujours plus loin la recherche d’originalité et de qualité des ouvrages,  tout en y associant les auteurs. Et dans notre société du numérique, où la poésie est pratiquement ignorée, il faut une audace et une volonté peu communes. Une conviction politique bien chevillée que c’est une contribution au ré-enchantement de notre monde.
 

     
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