CRITIQUES

Des poèmes courts qui disent le bonheur d'aimer et d'être aimé. C'est rare. On peut en profiter. D'autant plus que leur simplicité émeut. Caresse. Difficile d'œuvrer dans ces eaux-là sans tomber dans la mièvrerie, ici, Clod'aria y parvient avec beaucoup de délicatesse. Ça fait du bien de lire ces mots de tendresse. De joie. Lorsque la vie résonne ainsi de cette joie là on se sent léger, on se sent rempli, lumineux. C'est ainsi que l'on se promène entre les pages de ce petit livre.
Tes mains sur le clavier
comme des mouettes sur la mer
et tout autour de moi
cette harmonie céleste
Pour ça je donnerais
tous les jours qui me restent
La ligne claire des dessins de Claudine Goux participe de cette légèreté.
Ne nous privons pas de cela.
Patrick Joquel

Un plaisant petit recueil écrit par une femme de 90 ans, qui possède encore toute sa tête, toute sa lucidité, même si certaines choses sont passées par pertes et oublis. Il y a dans cette série de courts textes, à la limite de l'aphorisme, à la fois de l'innocence encore, de la naïveté à nouveau et la leçon de l'expérience. Le poète, ayant longtemps écrit, note presque en direct cette impression de fermeture, d'obscurcissement que les ans méticuleusement empilés donnent à la conscience étrécie et crépusculaire. Le titre magnifique se laisse cueillir pour entamer et clore le recueil toujours parfaitement servi par les dessins épurés de Claudine Goux.
Jacmo - Décharge n° 130 - juin 2006

Clod’Aria, avec ce récent petit ouvrage, nous invite à une économie de propos, optant d’emblée pour une poésie débarrassée – plus encore qu’à l’accoutumée – de ses ornements, afin de capter ce qui importe lorsque tout est dit et que le temps est compté sur les «échelles » de la vie.
Les mots sont sujets à méprise
les gestes aussi
Pas les regards.
Ce sont ces regards intenses, qu’elle pose sur les choses et sur les gens, qui font tout le prix d’une poésie épurée, proche de l’ascétisme.
Claudine Goux, son illustratrice, l’a bien compris, qui esquisse plus qu’elle ne dessine, afin de souligner l’importance du trait au détriment de fioritures superfétatoires, inutiles dans le contexte de cette poésie chargée d’angoisse, malgré le ton badin qu’utilise l’auteur. Clod’Aria a toujours privilégié le poème court, efficace de par sa concision, direct et limpide. Cette Barque du soleil l’entraîne, comme nous tous vers ces contrées de l’imaginaire où les poètes connaissent le prix des mots et où...
La joie est merveilleuse
quand elle est partagée.
Jean Chatard - Le Mensuel littéraire et poétique - Juin 2006