|
|
|
INSTANTS DES BAS-CHAMPS
texte de Isabelle GUIGOU illustré par Jacques TRICHET
Des paysages de terre, de mer et de ciel, horizontalité qui favorise l'écoute de la nature, des autres et de soi-même.
L'accompagnement graphique de Jacques Trichet met en valeur cette sérénité lumineuse.
|
|
|
|
|
|
|
CRITIQUES
Le vent se presse dans tes oreilles
Trop de mots se bousculent
Sifflent cette peur devant la seule certitude d'une vie :
Tu vas mourir au monde
S'allonger au pied de la digue pour rattraper le silence n'efface rien
Voilà. On est là. On marche. Dans un paysage d'altitude zéro. Un fond plat. On ne sait pas trop où commence l'humide, où finit le sec. Entre deux. Entre mer et terre. Entre ciel et eau. Entre vie et mort. On marche. Le regard à l'affût.
Tu as vu briller des confettis d'amour amoncelés par les siècles
Comme si de rien
Pouvait naître
Le beau
Les poèmes ici seraient de l'ordre du fragment. De très courts textes. Des mots qui naissent de la marche. Du silence. De la contemplation. De la fonte. Car ici le poète semble bien se fondre dans le paysage. Devenir transparente. Translucide. On la suit ainsi le long de sa déambulation. De flaques de mots en flaques de silences. Vers la vie !
La vie est un pas plus loin
Les peintures qui accompagnent ces mots ruisselants participent à cette immersion dans le paysage. Ici le peintre ne garde de la vision que la couleur, la forme. On ne voit rien et pourtant tout y est. Remarquable. Et lumineux !
L'ensemble forme un livre de grande harmonie.
Patrick Joquel
Très bien illustré par Jacques Trichet, le recueil d'Isabelle Guigou se donne pour ambition de fixer ce lieu intermédiaire entre la terre et la mer. Ce qu'on pourrait appeler la lisière des terres, la bordure de la mer; le mot littoral étant peut-être le plus juste compromis au final pour désigner cet entre-deux. Terraqué, avait dit Guillevic. Bas-champs dit Isabelle Guigou, avec aussi l'humilité de la glèbe, l'altitude quasi nulle et la bure des prés. Entre craie et mouette, entre cygne et chaume, entre dune et vache. La terre grenue, les mares qui apprennent petit à petit l'océan. Il y a le vent et l'odeur de la marée et du large. Ces instants sont captés avec une juste palette sur plusieurs lignes d'horizons.
Tu regardes
Vieillir le temps qu'il faisait
Jacmo - Décharge n° 135 - septembre 2007
Les vaches qui paissent là n'ont jamais vu la mer
Elles la connaissent par ouï-dire,
par les rumeurs colportées par le vent,
les récits criards des mouettes.
Les mots se tissent au vent, à l'écume, aux crêtes et creux, à la mouette écho, éclat de craie. Une langue prend corps et souffle, suinte. Illustration-lumière de Jacques Trichet : chaleur des jaunes, clartés d'embellies tardives, métamorphoses des ciels au-dessus des bas-champs.
Un livre pour collectionneurs, à portée de tous. Lycée.
O. B. Inter CDI n° 209 - Septembre-octobre 2007
Plat pays de polders
blanc de craie
blanc de mouettes.
Terre et eau
étroitement enchâssées
Pour qu’entre terre et mer
Le souffle ne s’interrompe.
Tel est le cadre dans lequel une voix murmure dans Le beau recueil Instants des bas-champs d’Isabelle Guigou, illustré de façon émouvante par Jacques Trichet et édité aux éditions SOC & FOC.
Lieu transitoire où mettre la vie à plat, où s’explorer, chercher au fond de la vase du marécage ce que l’on est :C’est par l’obscurité que tu peux voir non dans l’éclat de la mer.
Lieu transitoire
Passeur
Vers la passion d’être.
Lieu où naître et renaître éternellement où vivre en harmonie avec soi pour un instant.
Pour un instant seulement car il serait chimérique d’espérer davantage. De façon sourde une angoisse existentielle se manifeste tout au long du recueil. Ainsi désirer dormir pour oublier que nous ne sommes pas. Rêver d’être ce qu’un instant tu as été. Nostalgie d’un paradis perdu ? De la perte de soi ? ou affirmer :
La seule certitude d’une vie : Tu vas mourir au monde.
Lieu de silence, de solitude, de dépouillement, lieu rêvé peut-être, en adéquation avec un désir de purification spirituelle.
Quand les fleuves auront (...) lavé l’être de l’avoir
Quand se déposeront les poussières d’esprit et de corps dépouillés
Alors ?...
Désir de se confondre avec le lieu, de n’être plus la nuit dans les bas-champs qu’une ombre blanche, un corps de craie, de s’y fondre jusqu’à s’incorporer à cette terre peut-être jusqu’à disparaître comme celui-là dans le dernier poème :
Il est dans l’instant libre
Molécules dans l’air,
dans l’herbe.
La voix d’isabelle Guigou que nous connaissions depuis ses deux beaux recueils à Encres Vives L’arbre enveloppé et Pris dans la pierre nous la retrouvons ici avec ses mots, avec son timbre très personnel, avec son désir d’aller profond en soi, ici son écriture dépouillée jusqu’à l’épure rend ses chants d’en bas fascinants.
Annie Briet |
|
Écrivain : Isabelle GUIGOU
Née en 1969 à Sète, Isabelle Guigou vit dans le Jura, enseigne les lettres dans un collège.
Elle a publié des textes dans différentes revues (Arpa, Le Mâche-Laurier, Décharge, Diérèse, L’arbre à paroles, Contre-Allées, À l’Index, Traces, IHV, Incertain regard, Verso, N4728, Neige d’Août, Glanes, Triages, Ici et là...).
Dernières publications, en poésie :
Train, éditions Donner à voir (2005)
Blocs-chaos-granit dans l’anthologie Triages 2005 (revue des éditions Tarabuste)...
| | Illustrateur : Jacques TRICHET
Jacques Trichet est né en 1955.
Il vit à Mouzeuil-Saint-Martin (85) où il travaille le dessin, la peinture, l'écriture. Il anime divers ateliers et a participé à de nombreuses expositions personnelles et de groupe.
Ses derniers travaux autour du livre et de l'écriture :
Couverture du roman de Christophe Noulet : Oslo 3042 (2007)
Un coffret de 27 pastels accompagnés de 26 textes (écriture et illustration) : Genèse
Illustration du roman de Mireille Félix Bleu comme Anna (éditions Gabriande, 2002).
Couverture du livre de l'ostéopathe Pierre Tricot : Approche tissulaire de l'ostéopathie (volume 1 et 2), (2002 - 2005).
Écriture et illustration d'un récit poétique : ! (2003).
Parallèlement, il travaille la peinture sur le thème du paysage. C'est son environnement immédiat qui est sa source principale d'inspiration.
Dans son travail, le sujet s'efface peu à peu devant la peinture pour donner à voir ce qui a constitué fondamentalement le paysage, et qui est caché dedans : les courbes, les pleins, les vides, les grâces façonnés par les éléments naturels, mais aussi les cicatrices et les coups de la pr&e...
|
|
|
|